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Les talons du Roi-Soleil soumis aux enfants de maternelle

Une séance autour de l'égalité fille-garçon dans une classe de moyenne section de l'école maternelle Victor-Hugo, à Neuilly-Plaisance (93), vendredi. Sébastien SORIANO/Le Figaro

Depuis septembre 2013, l'école Victor-Hugo fait partie du dispositif «ABCD de l'égalité», cette expérimentation lancée conjointement dans dix académies par Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, et Vincent Peillon, ministre de l'Éducation nationale.

L'aspirateur, un objet asexué? C'est en tout cas la représentation qu'en ont les élèves de moyenne section de l'école maternelle Victor-Hugo, à Neuilly-Plaisance (93). Les 27 écoliers, âgés de 4 à 5 ans, ont entouré de violet et orange - couleurs qu'ils ont respectivement choisies pour les femmes et les hommes - l'image découpée dans un catalogue. Une victoire? «Je ne suis pas là pour porter un jugement», sourit Hélène Maurice, directrice et enseignante dans cette classe.

«Je ne m'attendais pas forcément à voir figurer parmi les objets mixtes la machine à laver, l'ordinateur, les consoles et jeux vidéo», poursuit-elle. Pour d'autres objets, en revanche, pas de débat: sèche-cheveux, maquillage et sac rouge pour maman, tandis qu'il ne reste plus pour papa que la mallette de bricolage.

«Je les amène à s'interroger vis-à-vis de ces stéréotypes. J'espère semer une petite graine, faire en sorte que, plus tard, ils ne s'interdisent pas certaines filières, certains métiers», explique l'enseignante. Dans sa salle de classe, les travaux des élèves autour de l'égalité fille-garçon tapissent les murs, de ces parties du corps communes aux deux sexes à ces images de femmes pilote ou policier, ces Indiens aux cheveux longs, ces guerriers massaïs en jupe, en passant par les portraits déstructurés de Picasso ou le tableau de Rigaud représentant Louis XIV en talons rouges ornés de diamants.

«Des valeurs de respect et de tolérance»

Depuis septembre 2013, l'école Victor-Hugo fait partie du dispositif «ABCD de l'égalité», cette expérimentation lancée conjointement par le ministère des Droits des femmes et l'Éducation nationale dans dix académies. Un établissement parmi les plus actifs sur le sujet dans l'académie de Créteil. «Vous allez colorier un roi et une reine», explique la maîtresse à la moitié de sa classe. La veille, elle leur a raconté l'histoire de Rosalie, cette princesse qui fait une overdose de rose… Il n'empêche. Les codes couleurs traditionnels reviennent sur les dessins. À quelques exceptions près. «On fait comme on a envie», lance Nathan qui a colorié le visage du roi en vert, imité par son voisin.

La séance se poursuit autour de couvertures de livres, photocopiées pour laisser place au noir et blanc. «Vous pensez que ces livres sont plus pour les filles, plus pour les garçons ou pour les deux?» Les réponses attendues fusent. La princesse rose praline est rangée dans la case fille, l'ouvrage sur le château fort dans la case garçon. «C'est même pas vrai», glisse une petite fille. Les ouvrages seront lus au cours de l'année. L'occasion pour les enfants de découvrir que Hector, l'homme extraordinairement fort, représenté tout en muscles sur la couverture, aime tricoter en secret.

«L'égalité entre les filles et les garçons fait partie des valeurs de respect et de tolérance que l'école se doit d'inculquer. Cette année, nous avons retenu ce thème dans le cadre de notre projet d'école, comme l'ont été précédemment les mathématiques, la musique ou le vivant», explique l'enseignante qui, en trente et un ans de carrière, a toujours porté un regard attentif au sujet. «Les ABCD de l'égalité s'adressent aussi bien aux enfants qu'aux enseignants, appelés à se poser des questions sur leurs pratiques.» Ainsi a-t-elle choisi cette année de rebaptiser le «coin poupées» en «coin bébés». Depuis le début de l'année, les enseignants de l'école ont suivi des formations sur le sujet. Une équipe de huit personnes, comptant… un seul homme.

Les talons du Roi-Soleil soumis aux enfants de maternelle

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6 commentaires
  • lusofran

    le

    Le ministre de l'interieur a ecrit a ses prefets....Celui de l'education aux recteurs d'academie..Celle de la justice aux juges...
    Ils ecrivent enormement a tout leurs subordonnés,nos ministres,sentiraient ils un mecontentement,qui se generalise???

  • Maurice Costard

    le

    Raaaa la "part de féminité" des hommes et autres fadaises: retour à Lyssenko, qui l'eut cru au 21eme siècle ? Mais si.

  • Jeanne Oliphant

    le

    Bande de malades. Que l'école fasse son travail dans les matières indispensables. Et dire que c'est nous qui payons ces fonctionnaires aux ordres des socialistes bobos marxistes et compagnie..Que je vois cela dans l'école de mes petits enfants ils seront enlevés immédiatement des mains de ces malades mentaux.

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