Image de téléphone et de différentes applications de réseaux sociaux.

Les géants d'internet, à l'exception de Twitter, ont lancé le 6 août une offensive contre Alex Jones, désormais privé d'accès sur Facebook, YouTube, Apple et Spotify

afp.com/Kirill KUDRYAVTSEV

De l'extérieur, elle ressemble à une salle de réunion comme les autres. Seul un petit panneau annonce la couleur, en rouge : bienvenue dans la "War Room". Ici, au siège californien de Facebook, une petite équipe d'analystes, d'informaticiens et de juristes a été assemblée pour lutter contre la manipulation d'élections via des infos diffusées sur la plateforme. Une mission inaugurée le 7 septembre, jour du premier tour de la présidentielle brésilienne.

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L'enjeu est de taille pour le réseau social, qui a reconnu avoir totalement sous-estimé la campagne d'influence menée par des intérêts proches de la Russie pendant l'élection présidentielle américaine de 2016, et l'explosion des fausses informations. D'autant qu'une échéance approche: les élections législatives américaines de mi-mandat, qui entraînent le renouvellement partiel du Congrès. Invités début septembre à faire la preuve de leurs efforts devant le Sénat américain, les responsables de Facebook, mais aussi de Twitter, sont attendus au tournant. Sont-ils prêts?

Frapper vite et fort

En invitant les journalistes à visiter sa "salle de crise", Facebook tient à montrer que oui. Et donne des exemples. "Le jour de l'élection [présidentielle brésilienne], nous avons observé une hausse de messages disant que l'élection était reportée à cause de manifestations", explique Samidh Chakrabarti, l'un des responsables élections et engagement civique au sein du réseau social. "Nous avons été capables de les retirer avant que l'histoire ne devienne virale", assure-t-il. Un ménage effectué en "une heure ou deux", qui aurait "pu prendre plusieurs jours" sans la mise en place de la "War Room".

La petite équipe a aussi dans son viseur les messages mensongers concernant les conditions de vote. Si une personne affirme sur Facebook qu'il est possible de voter par SMS ou qu'un bureau de vote est fermé alors qu'il est ouvert, explique Le Monde, sa publication a toutes les chances d'être placardisée voire supprimée, a prévenu le réseau social lundi. S'il y a aujourd'hui 20 000 personnes chargées de la sécurité des contenus au sein de l'entreprise, l'objectif de la "War Room" est de frapper vite et fort, aussi bien pour protéger l'intégrité des scrutins que pour la réputation de Facebook.

Usurpation d'identité

Twitter aussi s'active à l'approche des législatives américaines. Le réseau social à l'oiseau bleu sait qu'il a été avec Facebook l'un des principaux véhicules de l'ingérence venue de Russie, à coups de faux profils et de messages prompts à enflammer l'opinion. Mercredi, il a mis à la disposition du public une archive contenant plus de 10 millions de tweets liés à des opérations de manipulation russes et iraniennes. Un exercice de transparence auquel s'est livré Facebook en juillet dernier, rapportait le site spécialisé The Verge.

Plusieurs mesures ont été annoncées le 1er octobre par Twitter, dont une devrait permettre de lutter plus efficacement contre les faux comptes créés par des acteurs malintentionnés. Les comptes utilisant des photos de profil volées à d'autres utilisateurs ou piochées sur le web seront ainsi scrutés d'un peu plus près. Pour les petites mains des campagnes de fausses informations, utiliser la photo d'une vraie personne est un moyen d'ajouter de la crédibilité. Twitter continue aussi de supprimer des comptes: une cinquantaine l'ont ainsi été en août pour s'être faits passer pour des militants républicains. En arrière-plan, des outils automatisés surveillent des "millions" de comptes potentiellement suspects.

Désinformation maison

Les plateformes peuvent-elles gagner le combat? Malgré leurs annonces, la réalité de leurs efforts est parfois remise en cause. Une étude publiée le 4 octobre affirme que plus de 80% des comptes Twitter qui ont partagé des fausses informations durant l'élection présidentielle américaine de 2016 sont toujours actifs, explique NPR.

Pendant ce temps, ces campagnes elles-mêmes évoluent pour échapper à la détection, notamment grâce à l'utilisation de photos, plus difficiles à analyser que le texte, explique un expert au Monde. Et des Américains appliquent à la lettre la formule russe pour mener leur propre entreprise de désinformation, révélait le New York Times la semaine dernière.

De l'aveu même du PDG de Facebook Mark Zuckerberg, les plateformes sont engagées dans une "course aux armements" avec ceux qui, de Russie ou d'ailleurs, ont intérêt à manipuler l'opinion en ligne.

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